3 septembre 2010 | Posted in:Médias
Michèle Turbin a ouvert son cabinet d’architecture il y a maintenant 11 ans, à Treffendel (35), petite commune rurale située non loin de la Forêt de Brocéliande. Avec son mari Jérôme, architecte également, qui l’a rejoint il y a trois ans au sein de son agence, elle travaille sur la conception de bâtiments suivant les principes du « bioclimatisme ». « Il s’agit de prendre en compte, dans la construction, des paramètres précis, tels que le climat local ou l’ensoleillement du territoire », explique-t-elle, « c’est en quelque sorte du « bon sens paysan », remis au goût du jour, avec des études thermiques plus approfondies ». Un savoir-faire qu’elle a étudié durant ses études d’architecture à Paris, à la fin des années 70. « Cela fait maintenant 30 ans que je suis sensibilisée à la préservation de l’environnement », raconte Michèle Turbin.
Une démarche globale « verte »
Un engagement qui lui tient à coeur, et qui l’a incitée à aller encore plus loin dans sa démarche d’architecte. Michèle Turbin ne se contente pas de travailler sur les performances énergétiques de bâtiments privés ou publics, mais repense la conception architecturale dans une démarche plus globale, avec notamment l’utilisation de matériaux écologiques. C’est ce qu’elle appelle « l’architecture verte ». « Ce concept a été inventé par un architecte américain, James Wines. L’objectif est de créer un habitat écologique, sain et bioclimatique, à la fois pour les habitants et les acteurs de la construction », précise-t-elle. L’utilisation de produits naturels et locaux, dans la mesure du possible sont encouragés, et les habitants s’engagent à adopter un mode de vie respectueux de l’environnement. « Tout ceci me semble évident », déclare Michèle Turbin, « je suis convaincue qu’il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine. Il en va de la survie de l’espèce humaine! Il y a un véritable ultimatum climatique qui arrive, il faut donc agir ».
Réfléchir à l’éco-bilan des matériaux
Le travail de sensibilisation est également important pour l’architecte de Treffendel. C’est un élément essentiel dans son travail d’architecture « verte ». Elle et son mari n’hésitent pas, sur les chantiers où ils interviennent, à sensibiliser les entreprises, artisans et fournisseurs à l’utilisation de matériaux plus écologiques: « nous réalisons un gros travail d’accompagnement pédagogique », affirme Michèle Turbin, « notre démarche va au delà du simple travail de construction. On essaie d’amener les acteurs des chantiers à se pencher sur l’éco-bilan, ou « bilan carbone » des matériaux de construction, à prendre en compte les conditions d’extraction, mise en oeuvre, et recyclage des produits, et à penser aux risques pour la santé de certaines matières à base de produits toxiques », explique-t-elle. Le coté « local » des matériaux est aussi important pour l’architecte bretonne, qui réfléchit à l’utilisation de nouveaux produits: « au lieu d’utiliser des ardoises, qui viennent maintenant de Chine ou du Canada et dont le prix du transport à un impact écologique et économique, on pourrait recréer des briqueteries comme il en existait auparavant sur le territoire breton, et utiliser ainsi l’argile qu’on trouve ici pour créer des tuiles de terre cuite pour la couverture des bâtiments! ».
Sortir de la caricature
Si la vie professionnelle de Michèle Turbin semble donc marquée par un fort engagement en faveur de l’environnement, sa vie personnelle l’est tout autant. « Avec mon mari, nous limitons nos déplacements sur les chantiers, ou alors nous les regroupons sur une journée, et nous travaillons de notre domicile. Nous privilégions le bio pour notre consommation alimentaire, et nous nous habillons en coton bio équitable! », détaille-t-elle. Le couple fait également parti de plusieurs associations environnementalistes et locales. Et quand on parle à Michèle de ces collègues architectes et des perspectives pour le bioclimatisme, elle déclare souhaiter « qu’un maximum de professionnels de l’architecture se lancent dans l’aventure! Il suffit d’utiliser son bon sens et de se renseigner, se former n’est pas compliqué à l’heure d’aujourd’hui, qu’on soit jeune en cours de cursus ou ancien installé depuis des années! Et il faut également sortir de la caricature, l’architecture écologique, ce n’est pas que de l’exposition de bâtiments au sud! ».
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